Les difficultés de mobilité, la saturation de la D10 vers Bordeaux aux heures de pointe vécues quotidiennement pose la question de savoir comment est pilotée l’évolution de notre territoire en termes de construction de nouveaux logements.
Face à une demande toujours forte de citoyens souhaitant s’installer dans l’Entre-Deux-Mers, les Plans Locaux d’Urbanisme (PLU) des communes de notre CDC sont-ils efficaces pour réguler l’augmentation de la population ?
Pour rappel, les documents d’urbanisme obéissent à une organisation hiérarchique et lors de l’élaboration de leur PLU, les maires de notre territoire doivent respecter les orientations stratégiques du SCoT (Schéma de Cohérence Territoriale) de l’aire métropolitaine bordelaise dont notre CDC fait partie.
Le SCoT définit un projet à l’échelle d’un large territoire, il fixe les objectifs généraux d’aménagement et de protection à moyen terme alors que le PLU décline ce projet jusqu’à l’échelle de la parcelle et détermine l’affectation des sols.
Que prévoit le SCoT sur l’augmentation de la population ?
A horizon 2030, ce projet table sur l’arrivée en 16 ans (2014-2030) de 263.820 nouveaux habitants, ce qui porterait la population à 1.182.000 habitants, l‘augmentation étant prévue plus forte à Bordeaux que dans les périphéries. Chaque CDC doit adapter son poids respectif pour garantir les équilibres démographiques . Pour les Portes de l’Entre-Deux-Mers ce poids est de 1,6% soit 3760 habitants de plus correspondant à une moyenne de 235 habitants par an.
Qu’en est-il de l’évolution démographique de notre CDC ?
La CDC des Portes de l’Entre-Deux -Mers, c’était en 2023, plus de 23.000 habitants. De 1968 à 2020, en 32 ans, la population a quasiment doublé (+90 %), passant de 11.556 à 21.971 habitants. Sur la décennie 2020-2030, on prévoit une croissance de 16%, notre CDC atteignant alors plus de 25.000 habitants.
Cette augmentation est-elle soutenable ? De nouvelles demandes de permis de construire de projets collectifs risquent d’accentuer cette tendance.
LANGOIRAN > Projet PICHET au Haut Langoiran : 31 maisons, 93 habitants
LATRESNE > Sarl 2 A Route de Cadillac : 57 logements, 171 habitants
Le TOURNE > Projet Domofrance, salle Moulin-Carreyre : 44 logements, 120 habitants
QUINSAC > Projet ESTANSAN, Centre bourg : 28 logements, 60 habitants
Ces projets entraîneraient l’arrivée d’au moins 444 nouveaux habitants avec leur cortège de voitures.
Pourquoi les PLU peuvent-ils difficilement réguler le développement démographique ?
Depuis la loi ALUR, les PLU ne peuvent que définir la destination d’une parcelle, constructible ou non, ils ne peuvent ni limiter sa densité d’occupation au sol, ni son taux d’artificialisation maximal.
Ainsi au TOURNE il est envisagé 40 logements, soit 120 personnes, sur une parcelle de moins d’un hectare alors que les parcelles voisines équivalentes ne comportent souvent qu’un seul logement soit un rapport d’un à quarante…
Autre question cruciale, cette augmentation est-elle soutenable pour les différents réseaux, à savoir :
- le réseau routier bien sûr en premier lieu. On assiste déjà à la saturation de la D10 aux heures de pointe. Sur les coteaux, la largeur de nos routes, ne permet souvent pas le croisement de véhicules en sécurité.
- le réseau électrique
- le réseau d’eau potable. Ainsi la commune de Cambes qui est en phase d’élaboration de son PLU, explique son choix de limiter drastiquement les permis de construire par le fait que, en 2023, les habitants actuels de la commune consomment déjà 93 % des 1.850.000 m3 d’eau autorisés par an.
- le réseau d’assainissement des eaux usées. Sachant le réseau déjà insuffisant il parait difficile de l’adapter rapidement à des projets collectifs de cet ampleur.
On voit que notre Territoire est soumis à des tendances contradictoires. Alors que le projet du SCoT a pour ambition de concevoir dans la durée un modèle
d’aménagement désirable, sobre et porteur de développement vertueux, les nouveaux projets immobiliers – compatibles avec les PLU ? – risquent d’aggraver la dégradation de la mobilité et de porter atteinte à nos paysages.
Nous devons donc, collectivement, rester vigilants et analyser l’impact de chaque projet